Un dimanche pas comme les autres...
Entre deux projections, on aimerait parfois trouver le temps de profiter davantage du pays. La région de Proença-a-Nova nous a émerveillés, mais nous n'avons pu que passer. On rêvait pourtant d'un après-midi de farniente sur l'une des nombreuses plages fluviales que comptent les environs... Ce sera pour une autre fois.
Nous avons quand même honoré l'invitation de Fabíola, la spectatrice rencontrée à Sobreira Formosa. Cette hospitalité spontanée nous avait fortement touchés. Sa maison de vacances est située dans un tout petit village, à Sobrainho dos Gaios. Son jardin donne sur les montagnes environnantes. Nous avons donc partagé un délicieux churrasco (barbecue) autour d'une grande tablée, presque exclusivement composée de femmes : grand-mère, soeurs, amies, petites-filles... La cuisine portugaise n'a rien à envier à la cuisine française finalement. Elle se révèle aussi riche et variée, pleine de saveurs souvent relevées par la coriandre. Nos hôtes en tout cas en étaient très fières. Nous pensons avoir saisi les raisons qui ont poussé Fabíola à nous convier : sa mère nous a confié qu'elle rêvait depuis longtemps de s'occuper d'un cinéma ambulant! En attendant, elle est enseignante de biologie. C'est une femme qui nous a semblé très libre, qui s'est émancipée doucement mais sûrement de son village natal et du poids des traditions. Elle en parle très bien et l'on devine que ça n'a pas toujours été simple, qu'il lui a fallu du caractère et de la détermination. Une très belle rencontre...
On aurait aimé prolonger ce moment, mais déjà la route nous rappelait ; nous devions nous rendre à Ourém pour préparer les prochaines projections.
Là, les Portugais se préparaient bien sûr pour la finale de l'Euro! Impossible d'y échapper. Pour la première fois, être Français prenait un sens particulier dans ces conditions! Nous étions d'ailleurs les seuls de la terrasse, isolés des autres clients puisque notre table se tenait légèrement à l'écart. Très vite, les cris ont commencé à fuser : colère contre les joueurs français, encouragements pour les joueurs portugais, des sifflets, des applaudissements, des Wooh, des Han, des Pfff... Certains nous jetaient bien des regards, pour surveiller nos réactions. Nous, pas chauvinistes pour un sou, nous étions plutôt favorables à la victoire des Portugais, et ce d'autant plus que l'Union Européenne parlait de prendre de nouvelles sanctions à l'égard de leur pays. Alors quand ils ont gagné, comme eux, on a fait OUAIIIS! Nos voisins étonnés sont venus nous embrasser, nous prendre dans leurs bras, nous jugeant bons perdants, trinquant avec nous pour nous "consoler". Immédiatement, le défilé des voitures et des klaxons a fait monter le volume sonore à un point difficilement racontable. Quelle joie palpable tout autour de nous...!
Ici, il faut préciser ; nous n'aimons pas le foot, c'est peu de le dire. Pourtant, depuis le début de ce voyage, impossible d'y échapper, ici, le foot est partout (les drapeaux portugais avec), dans tous les cafés, parfois même dans les magasins, parfois avec deux écrans, et tous les jours, absolument tous les jours! Certains Portugais sont au bord de la crise de nerfs quand on évoque la question avec eux : ils pensent que c'est un complot politique, que le foot est la méthode d'endormissement du peuple et que tant que le foot sera le sujet qui se discute le plus dans les foyers, rien ne pourra se passer de bon pour le pays, en tout cas, aucune contestation. Le foot serait la pilule qui sert à faire avaler le reste...
En attendant, aujourd'hui, c'est la première fois que nous avons regardé un match!