Ciné-concert 360° NORD - Racleurs d’océans, d’Anita Conti
-
Le ciné-concert
360° NORD - Racleurs d’océans, d’Anita Conti, mis en musique par Carla Pallone, France, 35 min, 2024De juillet à décembre 1952, Anita Conti part avec 60 hommes sur les bancs de Terre-Neuve pour observer et témoigner du "grand métier", celui de pêcheur à la morue. Elle est alors chargée par l’Office central des pêches scientifiques d’établir des cartes de pêches et d’étudier la salinité de la mer. Elle publiera à son retour son premier livre Racleurs d’Océans (Prix Viking 1954). À travers ce film, elle rend hommage au travail de ces hommes, à ces "bagnards de la mer" et rend compte à leur place à travers la vision d’une femme libre au regard rempli d’humilité. L’homme ou "l’autre" n’est pas un anonyme car elle connait le nom et la fonction de chacun à bord. La valeur de ce film réside dans le fait qu’il témoigne d’un instant T d’un métier disparu qu’Anita Conti aborde de manière innovante et rare pour l’époque. Son regard se veut scientifique mais est aussi guidé par une subjectivité palpable. Au fil des minutes qui s’écoulent, la complicité qu’elle entretient avec l’équipage se révèle et ses choix de cadre. Elle assume zones de flous et grande profondeur de champ qui tranchent avec l’habituelle extériorité scientifique censément garante d’objectivité. Qui plus est, la complémentarité à l’oeuvre entre les différents supports qu’Anita Conti produit lors de cette expédition (film 16mm muet, environ 3000 clichés photographiques moyen format et son carnet de voyage qui deviendra roman), bâtit un témoignage ethnographique et artistique d’une intensité rare et très novateur pour l’époque. Anita Conti est la seule femme à avoir assisté à la pêche à la morue à Terre-Neuve.
-
La musicienne
Quelque part entre Mickaël Nyman (La leçon de piano) et Mica Levi (Under the Skin), Carla sait écrire des atmosphères, poser des paysages, dessiner une ligne de fiction. Sa formation classique et son goût pour les musiques anciennes l'accompagnent et nourrissent son chemin de compositrice, pour ouvrir, au plus grand, les horizons de sa musique. Avec une affection tenace pour les cordes, elle explore un territoire sonore délicat, qui se déploie entre matières organiques et analogiques. Sens aigu de la mélodie, néoclassicisme, minimalisme… les pièces de musique répétitive côtoient les ritournelles avec joie. Et si le violon est roi, les synthétiseurs trouvent aussi leur place, qu’ils se fassent basses inquiétantes ou envolées mélodieuses.
Pour la bande originale de La fille au bracelet (Stéphane Demoustiers, 2019), elle fait souffler son violon, le rend haletant, texturé, presque rauque. Pour le travail musical autour du monologue de Koltès, La nuit juste avant les forêts, mis en scène au théâtre par Matthieu Cruciani, elle crée un espace vaste, sombre, traversé des fantômes sonores inhérents au texte. Enfin dans Midnight Skin (Manolis Mavris, 2023) présenté à la Semaine de la critique à Cannes, sa musique fascine, souligne l’image sans jamais l’encombrer. Il y a une grande délicatesse dans sa recherche sonore, au croisement de sentiers musicaux choisis, des plus classiques aux plus expérimentaux, improvisés ou méditatifs comme avec son trio Vacarme en compagnie de Christelle Lassort et Gaspard Claus. Enfin, ce qui s’est inventé pendant vingt ans dans le duo Mansfield Tya auprès de Julia Lanoë, le succès et la ferveur que ce projet a rencontré, montre aussi la façon dont elle sait accorder son violon au format chanson.
Chapelle St Charles, Place Marcel Daniel, Paimbœuf
Entrée libre - Réservations conseillées à l’Office de Tourisme (ici)
Élément joint | Taille |
---|---|
DEPLIANT_10p_min_9.pdf (1009.73 Ko) | 1009.73 Ko |